Tarawa : Gestion des lentilles d'eau douce et approvisionnement en eau potable d'un atoll micronésien

Comment gérer équitablement et durablement les ressources en eau en milieu insulaire surpeuplé ?

Date de création

01/07/2003

Territoire

Atoll de Tarawa, Kiribati (Micronésie)

Description

 L'approvisionnement en eau potable sur l'atoll de Tarawa repose sur l'extraction des eaux souterraines en zones protégées – appelées réserves - gérées par le gouvernement. Leur création a été imposée aux propriétaires fonciers qui, en échange de maigres compensations, ont été forcés de déplacer leurs habitations en bordure d'ile afin de diminuer les risques de pollution sur les zones de pompage. Depuis 30 ans, ces aménagements hydriques, perçus avec ressentiment de la part des communautés locales, sont le théâtre de conflits récurrents qui se traduisent par des actes de vandalisme du système de pompage, une augmentation croissante des demandes de compensation, et l'installation illégale de maisons sur les réserves. Malgré cela, le gouvernement décide en 1999 de créer de nouvelles réserves sur deux iles voisines afin de faire face à une demande croissante en eau potable. Le projet ne comprend aucun volet relatif à l'étude d'impact environnemental ni à une consultation/implication des populations concernées sur les iles cibles.

En 2000, Ian White et Pascal Perez proposent de mettre en place une démarche ComMod en partenariat avec le gouvernement et les communautés locales afin de repositionnerla dimension sociale au cœur du problème et d'envisager une gestion concertée et durable des réserves en eau souterraine.

La démarche s'est déroulée en 5 phases :

  1.  Sensibilisation a la démarche : réunions d'information dans les villages et auprès des ministères impliqués ;
  2.  Elicitation des savoirs locaux : enquêtes individuelles de terrain auprès de représentatifs des différents groupes sociaux et du gouvernement ;
  3.  Conceptualisation d'un modèle multi-agents couplés à un jeu de rôles (cf. fiche JdR ) assurée par le collectif de chercheurs franco-australiens à partir du traitement des enquêtes individuelles de terrain ;
  4.  Organisation d'une session de jeu de rôles impliquant représentants du gouvernement et autorités coutumières afin de les faire réagir aux problèmes de limitation des ressources en eau, augmentation de la pollution, accroissement démographique, contraintes techniques, etc. ;
  5.  Sessions de débriefing : dynamique collective de partage des points de vue et élaboration collective d’un diagramme de solutions envisageables.

Les sessions de débriefing ont mis en lumière les liens entre enjeux spatiaux, techniques, sociaux et financiers qui constituent une entrave à l'accomplissement des objectifs individuels. Lors des discussions relatives aux règles collectives, les joueurs ont partagé leurs connaissances et expériences de terrain tout en étant confrontés à des points de vue divergents. Plusieurs cas d'inversion de rôles ont été observés: (i) représentants du Gouvernement plaidant (dans le jeu) pour un accès contrôlé aux terres situées sur les Réserves, (ii) propriétaires fonciers faisant valoir (dans le jeu) les règles administratives. Au terme du jeu, les participants ont élaboré collectivement un diagramme de solutions financières, techniques et pédagogiques à explorer.

Une deuxième session de jeu prévue 6 mois plus tard afin d’explorer les solutions envisagées lors de la première session n'a pas pu être réalisée à cause d'un verrouillage politique au niveau local. Le gouvernement de Kiribati a toutefois renoncé au projet de création de nouvelles zones de réserves et étudie actuellement des solutions alternatives.

Commanditaires

Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR, Australie) et Agence Française de Développement (AFD, France)

Equipe

  • A. Dray (Australian National University, Canberra
  • P.Perez (Cirad, Australie)
  • I.White (Australian National University, Canberra)
  • C. Le Page, P. D’Aquino (Cirad Green)